André Tuilier, Les débuts et le contexte idéologique
- Détails
- Catégorie : Histoire
Les débuts de la Société Philomathique de Paris et le contexte idéologique
Par André TUILIER, philomathe
La fondation de la Société Philomathique de Paris, qui a deux cents ans d'existence, se situe dans un contexte idéologique qu'il convient de préciser pour comprendre la nature de l'institution qui a bravé le temps et les événements.
Le 10 décembre 1788, six jeunes gens, qui s'intéressaient à des sciences diverses, décidaient de s'associer et de se réunir en prenant pour objet d'émulation le spectacle des progrès de l'esprit humain . Il s'agissait d'Augustin-François de Silvestre, d'Alexandre Brongniart, de Claude-Antoine-Gaspard Riche, de Joseph Audirac, de Charles de Broval et d'un certain Petit dont la personnalité est plus difficile à cerner que celle de ses collègues .
De fait, ces derniers sont assez faciles à identifier, en dépit de leur jeunesse. Augustin-François de Silvestre (1762-1851), qui apparaît à l'initiative de l'entreprise, est pour sa part une personnalité connue à l'époque. il était le fils du premier valet de garde-robe de Monsieur, frère de Louis XVI, et, après avoir été envoyé à Rome faire des études d'art, il rentre en France pour devenir lecteur et bibliothécaire du comte de Provence. Ses fonctions, qu'il prend très à cœur, le conduisent à s'intéresser aux mathématiques et aux sciences, et singulièrement aux sciences naturelles qui étaient fort en vogue à la veille de la Révolution. On a pensé qu'il avait poursuivi des études de médecine. Mais l'affirmation mériterait d'être confirmée. S'il s'intéressait à la médecine, c'est probablement par l'intermédiaire des sciences naturelles qu'il avait acquis les connaissances qu'il possédait en la matière. En tout cas, au moment où il fonde la Société Philomathique, il est très lié avec Alexandre Brongniart qui devait également jouer un rôle important aux origines de cette dernière.
Alexandre Brongniart (1770-1847), qui deviendra un minéralogiste réputé, était le fils d'Alexandre-Théodore Brongniart qui construira plus tard la Bourse de Paris. Le jeune savant, qui avait des talents précoces, avait commencé par donner des cours de chimie aux Invalides où son père résidait comme architecte des bâtiments. Entre 1780-790, la chimie acquiert progressivement son statut scientifique vec Lavoisier, Berthollet et Guyton de Morveau, et elle ouvrait des perspectives sur d'autres disciplines. Elle conduisit Alexandre Brongniart s'intéresser à la pharmacie et à la minéralogie. Au demeurant,jeune homme sortait à peine de l'adolescence, puisqu'en 1788, au moment de la création de la Société Philomathique, il avait tout juste dix-huit ans.
Quant à Claude-Antoine-Gaspard Riche (1762-1797), il avait le même âge qu'Augustin-François de Silvestre puisqu'il était né la même année que lui. Après avoir été reçu docteur en médecine à Montpellier en 1787, il était venu à Paris, où il avait rencontré Alexandre Brongniart aux Invalides. Premier secrétaire de la Société quand elle sera définitivement constituée, Riche était très lié avec Félix Vicq d'Azyr, qui était le co-fondateur et le secrétaire perpétuel de la Société royale de Médecine dont nous évoquerons tout à l'heure l'importance à l'époque.
C'est vraisemblablement Riche qui avait fait entrer dans la Société Philomathique naissante un autre médecin de Montpellier, Audirac, qui figure également parmi les fondateurs de cette dernière. Mais les renseignements que nous possédons sur Audirac sont très succincts, en tout état de cause, ce médecin a dû mourir en 1790.
Les sciences physiques et mathématiques étaient représentées pour leur part dans la société nouvelle par Charles de Broval, qui était un parent de Nicolas-François de Broval, secrétaire des commandements du duc de Chartres, le futur Philippe Egalité. Mais il disparaît en 1792, au moment même où Nicolas-François de Broyai prenait le chemin de l'émigration, et tout permet de penser qu'il suivit le sort de celui-ci.
Enfin, le médecin Petit, qui figure parmi les six fondateurs, avait peut-être fait ses études à Montpellier avec Riche et Audirac. Mais aucun indice ne permet d'identifier précisément la personnalité de ce médecin qui n'est pas connu par ailleurs.
Toutefois les médecins représentent la moitié des fondateurs de la société nouvelle, et cette particularité mérite une attention particulière. Elle révèle l'importance de la médecine et des sciences naturelles, qui sortent progressivement à l'époque de l'abstraction traditionnelle pour obtenir leur autonomie scientifique sous l'influence des idées du temps. Mais la création de cette société, fondée sur des liens de camaraderie personnels, pose un problème plus général qui doit être abordé avant tout autre. Avec la devise ÉTUDE ET AMITIÉ qui sera bientôt la sienne, l'institution nouvelle appartient d'elle-même au réseau des sociétés de pensée qui se constituèrent à la veille de la Révolution pour répondre au besoin de savoir et aux curiosités intellectuelles du temps. Ce besoin est très précisément exprimé dans les statuts de la Société Philomathique , et il caractérise incontestablement cette dernière dans le contexte de l'époque.
L'essor des sociétés de pensée à la fin de l'Ancien Régime a été évoqué naguère par Daniel Mornet dans son importante étude sur les origines intellectuelles de la Révolution française , et les conclusions de cet ouvrage sur le sujet intéressent directement la Société Philomathique. Elles ont mis fin au débat ouvert par Augustin Cochin qui attribuait précisément aux loges maçonniques les origines du mouvement révolutionnaire . Réfutant avec preuves à l'appui la thèse d'Augustin Cochin, Mornet a justement montré que, si les sociétés de pensée s'inspirent souvent de la franc-maçonnerie dans leur idéologie fondamentale, elles en diffèrent à certains égards. En fait, elles remplacent progressivement les loges maçonniques à partir de 1787-1788, c'est-à-dire à partir du moment où ces dernières ont rempli la mission historique qui était la leur à l'époque .
Fondées au cours du XVIIIe siècle pour combattre l'intolérance religieuse et l'absolutisme royal et pontifical hostile aux libertés publiques, les loges maçonniques avaient regroupé pêle-mêle tous les opposants au régime, qu'ils soient croyants ou incroyants. D'une manière générale, tous ceux qui voulaient une libre expression de l'esprit critique dans les sciences, dans les lettres, dans les arts, comme dans la réflexion philosophique, y avaient adhéré. Mais en 1787-1788, cette mission est pratiquement accomplie. En dépit des apparences et des mesures répressives diverses, l'absolutisme est ouvertement combattu sur tous les plans et il cède sur tous les terrains. Les loges qui ont conduit le combat sont à leur tour dépassées sur le plan idéologique par l'essor des découvertes scientifiques, qui posent d'une manière radicalement différente le problème de la liberté de pensée en exigeant une information libre, en dehors de toute contrainte spiritualiste ou dogmatique. Même si la tolérance n'a pas encore obtenu droit de cité sur des points essentiels, elle est virtuellement acquise dans les mentalités et dans l'opinion publique. Ce que veut maintenant cette dernière, c'est que les citoyens disposent du droit de s'informer librement entre eux des problèmes posés par le développement des sciences et des techniques, conformément aux pratiques de la méthode expérimentale qui se situent dans le prolongement de la tradition encyclopédique. Convaincue que l'émancipation politique et sociale est indissolublement unie au progrès scientifique, l'élite éclairée entend dominer la matière par l'expérimentation et vérifier elle-même la véracité de cette dernière.
Tel est avec des variantes multiples l'idéal des sociétés de pensée à la veille de la Révolution et tel est singulièrement celui de la Société Philomathique que les premiers fondateurs avaient d'abord appelée Société gymnastique . Cette appellation ne désignait pas à l'époque, on le croira aisément, une institution destinée à la culture physique.
Conformément à l'acception étymologique du terme qui vient du grec exercer, elle indiquait que ses membres devaient se soumettre aux conclusions de l'expérience scientifique, sans nécessairement avoir l'ambition d'imposer aux autres le résultat de leurs travaux. L'idée sera parfaitement exprimée par l'un des fondateurs, Riche, lorsqu'il dira que les sociétés savantes se réunissaient pour éclairer les autres et non pour nous instruire .
Il s'agissait en somme d'un enseignement mutuel qui transposait sur le plan scientifique la pratique de l'initiation réciproque, par l'intermédiaire des loges maçonniques. Ce faisant, les fondateurs se situaient précisément dans l'évolution que je viens d'évoquer à la veille de la Révolution. Plusieurs d'entre eux étaient très liés à des milieux maçonniques, et Silvestre lui-même, qui avait été membre de la loge « La Patriotisme » avant 1788, cesse pratiquement d'appartenir à cette dernière à partir de cette date . C'est dire que la Société Philomathique suit exactement la démarche commune aux sociétés de pensée de l'époque, qui prennent le relais des loges à la veille de la Révolution.
Au demeurant, pour cultiver librement les sciences en dehors de toute contrainte, la Société Philomathique avait un statut très démocratique. Au départ, le président de cette dernière sera élu pour trois mois et sa mission comme telle n'apparaît pas d'une façon particulière. Encore faut-il préciser qu'il s'agit de Silvestre, qui avait joué un rôle primordial dans la fondation de l'institution .
A vrai dire, soucieuse de garder ses distances avec la science officielle et d'éviter des difficultés avec le pouvoir, la société prend toutes les dispositions utiles pour se démarquer des organisations rivales qui ont des missions assez voisines. Le fait mérite d'être souligné. C'est ainsi qu'elle apparaît sans lien au départ avec la Société royale de Médecine, qui avait été fondée en 1776 par deux médecins proches de la Cour, Joseph Lassone et Félix Vicq d'Azyr, et qui jouissait de la protection du roi. En dépit de sa faiblesse politique, Louis XVI, on le sait, s'intéressait au développement des sciences et des techniques. Il avait inauguré pour l'Académie de Chirurgie le bâtiment construit par Jacques Gondouin dans notre actuelle rue de l'Ecole-de-Médecine et il s'intéressait aux chirurgiens qui pratiquaient la méthode expérimentale dans la tradition encyclopédique que nous avons évoquée précédemment. Il n'était pas favorable en revanche à la Faculté de Médecine qui maintenait les professions médicales dans des traditions et des structures surannées. C'est pourquoi il avait approuvé les initiatives de Lassone et de Vicq d'Azyr, dont il avait éprouvé les compétences, et il leur avait accordé sa protection.
En fait, la Société royale de Médecine partageait très largement les conceptions scientifiques des jeunes philomathes . Mais, en dépit des liens étroits qui existaient, on l'a dit, entre Riche et Vicq d'Azyr, la Société Philomathique voulait rester à l'écart des institutions officielles pour conserver sa liberté d'action et d'appréciation. Au demeurant, tout en étant fondée à Paris, elle conservait un caractère provincial au regard des disciplines médicales. Les médecins qui ont participé à sa création ont effectivement pris leurs grades à Montpellier, et on sait qu'il a toujours existé dans l'ancienne France une concurrence très vive entre la Faculté de Médecine de Paris et celle de Montpellier. Il faut avouer d'ailleurs - et la Société Philomathique est un exemple à ce sujet - que les docteurs de Montpellier avaient souvent des conceptions plus ouvertes que leurs collègues parisiens, qui s'enfermaient dans un corporatisme étroit et désuet pour se démarquer des chirurgiens et des pharmaciens avec lesquels ils étaient en concurrence.
On notera dans cette perspective que la médecine n'apparaît pas comme telle parmi les disciplines mentionnées dans les statuts de la Société Philomathique. Elle est appelée l'art de guérir dans les premiers statuts de la société , et le terme présente une signification particulière au moment où la Révolution remplacera bientôt les Facultés de Médecine par des écoles de santé qui uniront les professions médicale et chirurgicale, abusivement séparées par le cloisonnement corporatif de l'Ancien Régime. Conformément aux nécessités imposées par le progrès scientifique et les conceptions de la philosophie des lumières, les philomathes voulaient eux aussi la fusion des deux professions. Cette fusion pouvait seule permettre à l'époque aux médecins de bénéficier sans réticence d'un enseignement clinique approfondi dans la formation des futurs praticiens.
De toute manière, à l'instar des encyclopédistes et des esprits éclairés du temps, les philomathes voulaient introduire la méthode expérimentale dans toutes les disciplines scientifiques qu'ils avaient incluses dans leur programme : l'histoire naturelle, la physique, la chimie, l'économie rurale, le commerce , etc. Aussi bien, cette nomenclature se situe très précisément dans la tradition encyclopédique, en faisant une large place à l'économie et aux techniques appliquées. Mais, au moment même où les sciences naturelles atteignent avec la chimie et l'art de guérir leur statut scientifique, on constate la place primordiale qui leur est faite dans les préoccupations des philomathes. Assurément, cette place est loin d'être exclusive. Mais elle apparaît au premier rang de la nomenclature que nous venons d'évoquer et elle révèle les intentions profondes des jeunes philomathes de 1788. C'est qu'à la date où ils se réunissent pour la première fois, Buffon vient de mourir et qu'ils entendent réagir, au nom même de la tradition encyclopédique, contre le caractère beaucoup trop littéraire à leur avis de l'Histoire naturelle du célèbre intendant du jardin du roi.
Il faut dire que Buffon, prisonnier de son personnage et des ambitions officielles qui avaient été les siennes, n'avait pas donné toute sa mesure à la discipline qu'il avait choisie. Pour protéger sa carrière et les honneurs qui l'accompagnaient, il avait pondéré ses affirmations scientifiques en tenant compte des avis de la Faculté de Théologie de la Sorbonne, pour écarter les censures préjudiciables à sa réputation sociale . S'il s'était opposé à cette redoutable institution, qui poursuivait impitoyablement à l'époque les encyclopédistes et les adeptes du droit naturel et de l'autonomie de la pensée scientifique, il aurait été condamné comme hérétique et il aurait perdu la considération sociale et les fonctions auxquelles il était profondément attaché. Mais sa prudence l'avait empêché de remplir sa mission scientifique, telle que la concevait la génération nouvelle. Au demeurant, en raison même de cette prudence qui lui avait été imposée par les circonstances et les nécessités de sa carrière, il s'était opposé à la classification systématique de Linné qui présentait l'avantage d'exclure toute référence dogmatique, sans pour autant nier la spécificité de la croyance religieuse dans son propre domaine. Pour sa part, Linné estimait effectivement que ses recherches n'étaient pas incompatibles avec la Bible. Mais cette référence à la tradition biblique ne compromettait pas l'autonomie du savant . Elle présentait un caractère libéral qui manquait singulièrement aux méthodes de travail de la Faculté de Théologie de la Sorbonne, et elle permettait au savant suédois de dépasser Buffon dans l'expression de sa pensée scientifique. Naturellement l'opposition entre les deux hommes reflétait les différences qui séparaient la Suède protestante de la Prance catholique et les conditions respectives dans lesquelles travaillaient ces derniers. Mais elle donnait un prestige particulier aux positions du savant suédois. C'est pourquoi les philomathes, qui réclamaient avec les encyclopédistes l'autonomie de la science et de ses développements, prirent résolument position en faveur de la classification linnéenne.
A vrai dire, sans approuver l'oeuvre de Buffon, plusieurs savants français n'étaient pas non plus d'accord avec Linné. Tel sera notamment le cas de Jussieu . Mais les jeunes philomathes n'étaient pas des spécialistes et ils croyaient servir la science en adoptant la classification de Linné qui leur paraissait répondre aux progrès scientifiques. Plusieurs d'entre eux s'efforceront même de traduire en français entre 1788 et 1795 les Amaenitates academicae de Linné et la Société Philomathique entretiendra elle-même des relations étroites avec la Société linnéenne des Sciences, qui avait été fondée en 1787 et qui deviendra plus tard la Société d'Histoire naturelle. C'est pourquoi on a cru que cette société a pu servir de modèle aux premiers philomathes .
Cependant, les évênements évoluant rapidement après les réunions initiales de l'hiver 1788-1789, le petit groupe des philomathes devait élargir ses ambitions modestes au départ. A la faveur des premières manifestations de la Révolution qui avaient mis fin à l'absolutisme royal, il pouvait apparaître au grand jour. C'est effectivement à l'automne de 1789 que la modeste Société gymnastique prenait définitivement le nom de Société Philomathique, se dotait d'un règlement et accueillait dans son sein des savants appelés au plus brillant avenir. Parmi ces derniers, il faut citer Vauquelin, qui était alors un disciple de Fourcroy. Au demeurant, sans être très nombreuses dans les premières admissions de savants confirmés dans la société nouvelle élargissent l'autorité scientifique de cette dernière, qui choisit elle-même ses membres en nombre limité et profite de la liberté d'information proclamée par l'Assemblée constituante pour diffuser un bulletin qui sera imprimé, après avoir été manuscrit entre le 31 mai 1791 et la fin de l'année 1792 . Ce faisant, la société perd son caractère confidentiel sous la pression des événements. Tout en souhaitant conserver la concision nécessaire aux communications d'ordre scientifique, les philomathes répondent de cette manière aux voeux du public qui entend utiliser les libertés nouvelles pour être rapidement informé sur tous les sujets. Il est intéressant de rappeler à cet égard que le premier imprimeur du Bulletin de la Société Philomathique sera le célèbre Pierre-Samuel Dupont de Nemours, qui avait été député du tiers aux Etats généraux et qui avait ouvert à Paris une imprimerie où il éditait les publications de l'Académie des Sciences. C'est dire que les philomathes vivaient dans l'ombre de cette dernière .
De toute façon, la Révolution sert de stimulant aux activités scientifiques. C'est pourquoi les philomathes se manifestent de différentes manières. Ils tiennent des réunions hebdomadaires tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, et ils participent dans la meilleure tradition rousseauiste aux courses - ou excursions herborisantes - de la Société d'Agriculture qui partage leurs préoccupations et leur intérêt pour l'histoire naturelle . Mais les séances de travail constituent pour eux leurs activités scientifiques principales. Elles se tiendront bientôt dans un local de la rue de Buci que les philomathes loueront à un particulier le 10 septembre 1791 et qu'ils partageront pendant un temps avec la Société d'Histoire naturelle, qui avait succédé au début de la Révolution à l'éphémère Société linnéenne des Sciences citée précédemment. Ce local était bien équipé, puisqu'il possédait une bibliothèque et des collections d'histoire naturelle et de minéralogie et qu'il pouvait favoriser les activités scientifiques des deux institutions qui avaient des intérêts communs .
Mais les philomathes sauront conserver leurs distances avec la Société d'Histoire naturelle, à laquelle ils reprochaient de jouer un rôle public et de prendre des positions politiques trop marquées . Malgré les événements importants dont ils étaient les témoins, ils voulaient exclusivement se consacrer aux sciences expérimentales avec de jeunes savants qui partageaient leurs préoccupations à cet égard. C'est ainsi qu'ils accueilleront en 1791 dans leur groupe Claude Chappe, l'inventeur du télégraphe. De toute manière, la Société poursuit ses réunions hebdomadaires dans l'esprit qui avait animé ses fondateurs. On rend compte des découvertes et des expériences nouvelles dont on a eu connaissance et on renouvelle éventuellement ces expériences avec l'appareillage dont on dispose . Au demeurant, grâce à Alexandre Brongniart qui avait le privilège d'assister aux séances privées de l'Académie des Sciences, on est parfaitement au courant des travaux de cette dernière et des activités des sociétés savantes susceptibles d'intéresser les philomathes . Ces derniers, comme leur nom l'indique, sont avides de savoir et de comprendre. Mais pour conserver le privilège de connaître les travaux de l'Académie des Sciences, on devait agir avec une parfaite discrétion. Cette discrétion était d'ailleurs souhaitée par l'ensemble du groupe.
Ce qui n'empêchait pas la société d'exercer un rôle politique lorsque les circonstances l'exigeaient. Les relations étendues que Silvestre entretenait avec les milieux les plus divers favorisaient ce rôle de toute manière. Le 14 octobre 1791, le ministre de l'Intérieur demande à la Société de désigner un ou plusieurs philomathes pour siéger au Bureau de consultation des arts et métiers. La requête était flatteuse pour l'institution philomathique, dont elle consacrait l'autorité scientifique. C'est pourquoi celle-ci se réunit en séance extraordinaire le 15 novembre pour procéder au choix de ses délégués. Vauquelin et Silvestre furent élus à cette occasion et ils siégèrent pendant deux ans au Bureau de consultation des arts et métiers qui devait remplir une mission importante en 1792 et en 1793 . Pour cette action spécifique au service de la collectivité nationale, Silvestre qui était alors secrétaire de la Société Philomathique recevra au printemps de 1792 une lettre de remerciements de Dumouriez, qui exerçait alors les fonctions de ministre des Affaires étrangères .
Deux jours après l'envoi de cette lettre datée du 18 avril 1792, Condorcet présentait à l'Assemblée législative son fameux rapport sur l'Instruction publique, et Silvestre était intervenu au cours des mois précédents pour que ce texte mentionne la Société Philomathique parmi les corps savants qui étaient appelés à couronner l'ensemble du service public de l'Education nationale voulu par les députés . C'était demander la reconnaissance officielle de l'institution amicale créée en 1788. La requête était ambitieuse, puisqu'il s'agissait ni plus ni moins d'insérer cette dernière dans la Société nationale des Sciences et des Arts, que Condorcet proposait dans son rapport sur l'Instruction publique et dont le schéma servira plus tard de modèle à l'Institut de France . C'est pourquoi elle sera sans effet. Mais il n'en demeure pas moins que Silvestre était proche de la majorité gouvernementale et qu'il partageait les idées de Condorcet sur l'importance de la méthode expérimentale pour l'avenir des sciences et des techniques et les progrès de la société dans son ensemble. Même s'il n'était pas exprimé clairement, son idéal politique se situait dans cette perspective et il reflétait en tous points celui de la bourgeoisie girondine au pouvoir, qui fondait l'émancipation de l'homme sur la tradition encyclopédique, les connaissances scientifiques et la philosophie des lumières. Pour le réaliser, Silvestre était apparemment disposé à donner un statut officiel à la Société Philomathique qui avait été fondée dans un tout autre but.
Les circonstances devaient donner une autre issue au projet de Silvestre. Au reste, celui-ci était trop lié à la majorité girondine dominante au printemps de 1792 pour ne pas s'inquiéter des mouvements populaires qui débordèrent cette majorité pendant l'été et provoquèrent la chute de la monarchie le 10 août 1792. Pour éviter des incidents dans les troubles de l'époque, il proposa le 18 août à la Société Philomathique de suspendre pour quelque temps ses séances . Mais les philomathes n'approuvèrent pas cette attitude. S'ils étaient unanimement d'accord pour introduire dans les sciences la méthode expérimentale, ils n'adoptaient pas pour autant toutes les positions philosophiques et politiques de Silvestre. Ils se contentèrent d'accorder un congé à celui-ci qui dut disparaître un moment. Quant à Broval, qui partageait les conceptions de Silvestre, il émigra vraisemblablement à la même époque, comme on l'a dit précédemment .
Le congé de Silvestre devait être de courte durée. Mais, jointe à l'absence de Riche qui était parti au milieu de 1791 avec l'expédition d'Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse , la disparition de Broval privait la Société Philomathique de deux de ses fondateurs. A vrai dire, l'institution n'en développe pas moins ses activités, puisque c'est à cette époque, on l'a dit, que son Bulletin commence à être imprimé. Au demeurant, les événements lui donnent de plus en plus une situation officielle. Le 22 septembre 1792, le jour même de la proclamation de la République, le ministre de la Guerre lui demande de fournir un commissaire au Conseil de santé des hôpitaux militaires pour participer à un concours de modèles de voitures concernant le transport des malades. Comme précédemment, la Société Philomathique ne faillira pas à sa mission et Vauquelin sera nommé pour remplir cet emploi, le 8 décembre 1792 .
Cependant, en dépit des options personnelles de Silvestre, la proscription des Girondins le 2 juin 1793 devait donner un nouvel essor à cette société, qui était sans ambition aristocratique et qui poursuivait exclusivement des buts scientifiques. C'est ainsi que, tout en continuant ses activités habituelles, elle profitera de la suppression des académies d'Ancien Régime, qui interviendra le 8 août 1793 à l'initiative de la Convention montagnarde. Cette suppression, on le sait, répondait aux conceptions de cette dernière, qui reprochait aux institutions académiques de favoriser une science aristocratique susceptible de rétablir la hiérarchie corporative et cléricale des sociétés savantes du passé.
Il n'est pas question d'apprécier ici cette position catégorique de la Convention montagnarde qui estimait que l'institution académique entravait le progrès scientifique en créant une distinction entre les penseurs et ceux qui leur obéissent. Mais il est sûr que la Société Philomathique échappait précisément aux critiques des révolutionnaires à cet égard. Comme on l'a rappelé précédemment , elle se réunissait exclusivement pour instruire ses membres et non pour éclairer les autres, et cette conception répondait justement aux idées des montagnards, qui prônaient l'enseignement mutuel dans les sociétés populaires et qui pensaient que la science devait se développer dans ce contexte.
Cette position revêtait chez certains conventionnels un caractère systématique qui naissait des besoins de la défense nationale de l'époque. Mais, dans la mesure où elle répondait aux objectifs des premiers fondateurs de la Société Philomathique, elle devait singulièrement favoriser cette dernière en 1793 et en 1794. A la suite de la suppression des institutions académiques, un certain nombre de membres de l'Académie des Sciences, qui avaient joué un rôle éminent sous l'Ancien Régime, demandèrent à entrer dans cette société qui leur offrait l'avantage de pouvoir se rencontrer régulièrement dans la conjoncture de l'heure. A l'automne de 1793, la société accueillit de cette manière les meilleurs représentants de la science française de l'époque : Berthollet, Fourcroy, Lavoisier, Lefebvre d'Hellancourt, Ventenat, Vicq d'Azyr, Lamarck, Monge, Prony, Darcet père et Laplace . Il est inutile de dire que la présence de ces savants illustres donna une audience exceptionnelle à la jeune organisation philomathique, qui avait été fondée en marge des institutions officielles. Mais elle n'en répondait pas moins aux objectifs de la science nouvelle, puisqu'elle se situait dans la perspective expérimentale et qu'elle affirmait son autonomie au regard des dogmes et des conceptions abstraites du passé.
Silvestre, qui restait secrètement attaché à ses convictions girondines et qui partageait avec Condorcet l'idée d'établir une fédération de corps savants à l'échelon national, favorisera pour sa part l'entrée des membres de l'ancienne Académie des Sciences dans la Société Philomathique. Mais il sera critiqué à cet égard par Brongniart qui lui reprochera d'aller trop vite en besogne . De fait, l'arrivée des nouveaux membres changeait profondément le caractère de l'institution philomathique, et Silvestre en conviendra lui-même plus tard.
Avec l'entrée des académiciens, cette dernière n'était plus, à son avis, une société d'instruction réciproque, mais une société savante proprement dite . C'est pourquoi d'ailleurs Silvestre favorisait cette évolution pour sa part. Ce faisant, il espérait probablement neutraliser les intentions du pouvoir montagnard qui avait apprécié l'esprit démocratique de la Société Philomathique et qui comptait en faire un exemple pour les institutions d'enseignement mutuel qu'il souhaitait généraliser pour l'instruction publique supérieure. Ce qu'il voulait en définitive, c'était restaurer le corps savant qui manquait au pays après la disparition de l'Académie des Sciences. En somme, la discussion, qui s'était instaurée entre Silvestre et Brongniart à cet égard, reflétait à sa manière le débat qui avait opposé les Girondins aux Montagnards hostiles à la Société nationale des Sciences et des Arts que Condorcet voulait établir pour remplacer les corps académiques.
Au reste, il est impossible d'apprécier correctement les motivations profondes des savants qui entrèrent à cette date dans la Société Philomathique. Elles furent certainement d'origine différente. De toute manière, il est sûr qu'il ne faut pas exclure chez certains d'entre eux un opportunisme de circonstance. Plus tard, dans une conjoncture politique différente, plusieurs savants, qui étaient entrés à cette époque dans la Société Philomathique, quitteront l'institution ou s'abstiendront de participer à ses réunions en invoquant des prétextes qui confirment cette hypothèse. Tel est le cas de Berthollet qui cessera dès qu'il le pourra d'être assidu aux séances pour se consacrer à la Société d'Arcueil qu'il fondera bientôt avec Laplace. Mais il faut dire qu'au moment où ces hommes de sciences entrèrent dans l'institution philomathique, la Convention montagnarde menait une lutte implacable contre ses ennemis de l'intérieur et de l'extérieur et que beaucoup de savants approuvaient par patriotisme la politique qui mobilisait les forces vives de la nation pour repousser l'adversaire. Au reste, la Société Philomathique se mit à la disposition du gouvernement dans cette conjoncture exceptionnelle. C'est ainsi que le 3 frimaire an II (23 novembre 1793), elle répondait à l'appel du Comité de Salut public, lorsque celui-ci l'invita à lui désigner des personnalités susceptibles de le servir dans les administrations pour les subsistances, les armes et tous les autres objets d'utilité publique. La Société décida à cette occasion d'écrire à tous les membres absents pour les inviter à lui fournir des renseignements à ce sujet. Quelques jours plus tard, le 23 frimaire (13 décembre 1793), toujours à la requête du Comité de Salut public, elle désigne deux philomathes dont Prony pour faire partie d'un jury qui vient d'être établi pour juger les diverses machines de guerre .
Mais la Société remplit également à l'époque une mission pédagogique. Elle organise des cours publics et cette organisation est à l'origine du fameux Lycée des Sciences et des Arts, qui sera créé sous son patronage à la faveur de la liberté de l'enseignement, proclamée par la Convention au printemps de 1794. C'est dire le rôle scientifique et social des philomathes de l'époque. [Nota : ceci n’est pas avéré par les documents d’origine de la Société et résulte d’une affirmation non référencée et fautive de Marcellin Berthelot : « les cours publics dont la Société avaient eu l’initiative » presque cent ans après la période concernée, page X du volume des Mémoires publiés par la Société Philomathique à l'occasion du centenaire de sa fondation, 1788-1888, Paris, 1888. Des philomathes ont enseigné, bien sûr, dans diverses instances, mais pas au nom de la Société philomathique.]
Toutefois, s'il avait pour lui la majorité du pays à la fin de l'année 1793, le gouvernement montagnard ne rencontra plus le même assentiment l'année suivante. Après les luttes intestines entre les factions au pouvoir, les excès de la politique terroriste devaient provoquer la crise du 9 thermidor, en montrant les divisions de l'opinion. Le registre des comptes rendus des séances de la Société Philomathique est éloquent à cet égard. II révèle que cette dernière ne tint pratiquement aucune séance plénière entre le 13 floréal et le 3 thermidor de l'an 11, c'est-à-dire entre le 2 mai et le 21 juillet 1794 . Dans cette période de tension extrême qui correspond approximativement à ce qu'on a appelé communément la Grande Terreur, les philomathes ont du connaître des contradictions internes que le registre dissimule sous des propos équivoques. Mais il ne faut pas oublier non plus que Lavoisier avait été guillotiné le 19 floréal (8 mai 1794) et que la Société, qui avait pour devise ETUDE ET AMITIÉ, portait nécessairement le deuil du grand savant qu'elle avait accueilli dans ses rangs l'année précédente. Même si Lavoisier avait été condamné comme fermier général et non comme homme de science, il est sûr que cette disparition affectait profondément tous les philomathes.
Cependant, l'essor que la Société avait connu après la disparition des académies ne sera pas sans lendemain. Après comme avant le 9 thermidor, elle continuera d'accueillir dans son sein des hommes de science qui s'étaient distingués d'une manière ou d'une autre et qui appartenaient à la génération nouvelle. En 1794 et 1795, René-Just Haüy, Pierre Tédenat, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et Georges Cuvier entrèrent dans la Société Philomathique, qui était véritablement considérée comme une pépinière de savants rompus aux méthodes nouvelles de l'expérimentation scientffique .
Le temps ne nous permet pas d'évoquer cette période qui apparaît singulièrement féconde dans l'histoire de l'institution et qui confirme l'autorité scientifique de cette dernière. Fidèle au rôle qu'elle avait joué sous la Convention montagnarde, la Société Philomathique continuera de grouper après le 9 thermidor l'élite scientifique et, sans penser que la création de l'Institut national des Sciences et des Arts (1795) l'Institut de France - pouvait lui porter ombrage, elle approuvera sans réticence une fondation qui devait, à ses yeux, servir la science .
Mais il faut dire qu'en confiant à l'Institut une tutelle générale sur les activités scientifiques du pays que la Révolution avait singulièrement développées, cette fondation permettait à la Société de restaurer sa vocation première d'instruction réciproque et que les philomathes ne pouvaient qu'apprécier l'institution nouvelle à tous égards. Les premiers adhérents de la philomathique avaient voulu vivre dans l'ombre de l'Académie des Sciences, sans participer à l'éclat de cette dernière. C'est cette situation originale qu'ils retrouvaient avec la création de l'Institut national. Le débat qui avait opposé précédemment Silvestre à Brongniart était désormais sans objet. Le premier savait qu'il existait un corps savant à l'échelon national et qu'il pouvait dès lors concéder au second la mission qui avait été celle de la Société Philomathique à l'origine : servir collectivement la science sans chercher les honneurs et la gloire individuelle.
Mais il n'en demeure pas moins que les philomathes avaient acquis leurs lettres de noblesse, quand ils avaient remplacé les corps savants défaillants et qu'on fera désormais carrière à la Société Philomathique, comme à l'institut de France . Les élections dans cette société susciteront des candidatures nombreuses et appréciées . Sous le Directoire, les philomathes continueront d'accueillir les meilleurs esprits de l'époque en recevant successivement Daubenton, Duméril, Lacépède, Chaptal et Bichat . Ses choix sont très éclectiques. Ils intéressent des savants formés aux méthodes expérimentales, quelles que soient leurs opinions par ailleurs. C'est pourquoi l'institution se démarque apparemment des idéologues de la Société d'Auteuil qui se groupent à l'époque autour de Cabanis et de Mme Helvétius et qui donnent à la science une interprétation philosophique particulière. Cette interprétation est naturellement subjective, comme toutes les hypothèses de cet ordre. Assurément, plusieurs philomathes partagent les conclusions des idéologues pour leur part . Mais d'autres ne leur sont pas favorables. C'est dire que la Société Philomathique ne prend pas parti dans ce débat. En fait, l'institution, qui a désormais ses heures de gloire, jouera un rôle important sous l'Empire qui persécutera les idéologues en raison de leur fidélité à la philosophie du XVIIIe siècle. En s'attachant au contraire au domaine scientifique et en excluant les polémiques à ce sujet, les philomathes pourront se maintenir sous tous les régimes, servir la science et braver impunément le temps et les hommes. Telle est l'origine du bicentenaire que nous célébrons aujourd'hui.
Notes:
1 . Bulletin des Sciences, I, 1803, p. III
2 . La personnalité de ces six jeunes gens est parfaitement définie dans J.-J. Mandelbaum, La Société Philomathique de Paris de 1788 à 1835. Essai d'Histoire institutionnelle et de biographie collective d'une société scientifique parisienne, thèse 3' cycle, Paris, 1980. Cf. M. Berthelot, Notice sur les origines et sur l'histoire de la Société Philomathique, Mémoires publiés par la Société Philomathique à l'occasion du centenaire de sa fondation, 1788-1888, Paris, 1888, p. II
3 . Cf. Notice sur l'institution de la Société Philornathique, Paris, Impr. des citoyens Du Pont, imprimeurs-libraires de l'Académie des Sciences (mars 1793). Cette notice reproduit un Extrait des règlemens de la Société Philomathique. Mais, comme le rappelle à juste titre M. Berthelot, art. Cit., p. iv, les premiers statuts de l'institution ont été rédigés en 1790.
4 . Cf. D. Mornet, Les origines intellectuelles de la Révolution française, Paris, 1933, passim (6e éd., 1967).
5 . Cf. A. Cochin, Les sociétés de pensée et la démocratie. Etudes d'histoire révolutionnaire, Paris, Pion-Nourrit, 1921, in-12, 300 p. et Id., Les sociétés de pensée et la Révolution en Bretagne, Paris, Champion, 1925, 2 vol. in-8°.
6 . D. Mornet, op. cit., p. 356-337 et singulièrement p. 384-387.
7 . Sur cette appellation, voir J. Mandelbaum, O. Cit., p. 27-28.
8 . Rapports généraux des travaux de la Société Philomathique de Paris, I, p. 5.
9 . Cf. A. Le Bihan, Francs-maçons parisiens du Grand-Orient de France (fin du XVIIIe siècle), Paris, 1966, p. 448.
10 . Cf. Notice citée, n. 3, p. 6, art. XXIII, Extrait des règlements de la Société Philomathique, et J. Mandelbaum, op. cit., II, p. 523.
11 . Pour comprendre les positions réformatrices de cette société, on consultera le Nouveau plan de constitution pour la médecine en France présenté l'Assemblée nationale par la Société royale de Médecine, 1790.
12 . Cf. Notice citée n. 3, p. 2, art. 1er de l'Extrait des règlements de la Société Philomathique.
13 . Ibid.
14 . Cf. J. Piveteau, in Oeuvres philosophiques de Buffon, Paris, 1954, p. xi, et P. Feret, La Faculté de Théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Epo que moderne, VI, Paris, 1909, p. 201-213, qui présente les rétractations que Buffon avait rédigées pour éviter les censures de la Faculté de Théologie.
15 . Au demeurant, Linné est un intuitif et un visionnaire qui saisit l'unité des formes dans une perspective d'ensemble.
16 . Il s'agit d'Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), qui enseigna au jardin du Roi, puis au Muséum national d'Histoire naturelle dont il devint le directeur.
17 . Les Amaenitates academiae de Linné étaient des recueils de dissertations que le savant avait rédigés pour ses élèves.
18 . Sur les rapports entre la Société Philomathique et la Société linnéenne des Sciences, consulter J. Mandelbaum, op. cit., passim.
19 . Ce périodique a d'abord pour titre Bulletin de la Société Philomathique à ses correspondants. La Société publiait aussi des rapports généraux annuels.
20 . On sait l'influence que Dupont de Nemours, qui avait été le collaborateur de Turgot et qui partageait les idées des physiocrates, devait avoir à beaucoup d'égards au début de la Révolution française.
21 . Une de leurs excursions aura pour but, le 23 juillet 1791, la fête de Rousseau à Montmorency (cf. Bibl. dc la Sorbonne, ms. 128).
22 . Voir les inventaires du mobilier de ce local établis en 1792 et 1793 (cf. Bibl. de
la Sorbonne, ms. 129).
23 . Pour s'être trop engagée politiquement dans les premiers temps de la Révolution, la Société d'Histoire naturelle sera contrainte de s'éclipser pendant la Terreur.
24 . Sur la répétition des expériences, avec l'appareillage rudimentaire dont on dispose,
voir J. Mandelbaum, op. cit., I, p. 40-46.
25 . Comptes rendus par les commissaires de la Société Philomathique des séances de l'Académie des Sciences, 1789-1793, puis 1796-1804, et comptes rendus du même ordre pour la Société d'Agriculture, 1789-1792; 1799; 1801-1802, dans ms. 132 de la Bibl. de la Sorbonne.
26 . Cf. Bibi, de la Sorbonne, ms. 133, pièce 107, et ms. 128, comptes rendus de quelques séances.
27 . Voir Bibl. de la Sorbonne, ms. 133, pièce 129.
28 . Voir Lettre de Silvestre en date du 4 février 1792, Arch. nat. F17 1309, V, pièce 7.
29 . Cf. Condorcet (Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat de), Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique présentés à l'Assemblée nationale, au nom du Comité d'Instruction publique, les 20 et 21 avril 1792, l'an IV de la Liberté, Paris, Impr. nationale, 1792.
30 . Voir Bibl. de la Sorbonne, ms. 2082.
31 . Voir p. 10. (début du texte)
32 . A vrai dire, le départ de Riche avait peut-être été provoqué par l'opposition de l'intéressé à la Révolution. Dès septembre 1790, Riche avait exprimé ses sentiments à cet égard dans une lettre à Brongniart. Cf. BibI, centrale du Muséum national d'Histoire naturelle, ms. 1967, pièce 635.
33 . Bibl. de la Sorbonne, ms. 2082.
34 . Voir p. 12. (à partir de la note 6)
35 . Sur l'entrée des académiciens dans la Société Philomathique, voir j. Mandelbaum, O. Cit., I, p. 65-69, qui renvoie justement aux sources à cet égard.
36 . Cf. la lettre écrite de Bayonne par Brongniart à Silvestre le 7 frimaire an II (27 novembre 1793). Cf. Bibl. centrale du Muséum national d'Histoire naturelle, ms. 1989, pièce 884.
37 . Voir les Observations soumises à in Société Philomathique, relativement à quelques modifications qu'il paraît convenable de faire à son règlement, par M. de Silvestre, membre de la Société, 4 p. in-4° écrites à la fin de 1834 au ou début de 1835 (Bibl. centrale du Muséum national d'Histoire naturelle, Pr. 373 Z).
38 . Voir la lettre d'excuses de Berthollet en date du 3 ventôse an IV (22 février 1796) qui apparaît un peu comme une dérobade (cf. Bibi, de la Sorbonne, ms. 133, pièce 39).
39 . Les rapports entre la Société Philomathique et le Comité de -Salut public à cette époque sont évoqués en détail par J. Mandelbaum, op cit., t. p. 64 et les nombreuses références que cet auteur cite en note.
40 . Ct Lycée de, Sciences et des Arts ne- doit pas être confondu avec le Lycée républicain, qui avait été créé à la fin de l'Ancien Régime, sous l'appellation de Musée scientifique, par François Pilâtre de Rosier. Mais les deux établissements s'inspiraient de la tradition encyclopédique, et la Société Philomathique était proche de l'institution fondée par Pilâtre de Rosier à plusieurs égards. Au reste, ce dernier appartenait comme, Silvestre à l'entourage du comte de Provence.
41 . Bibl. de la Sorbonne, ms, 2082.
42 . Cf. J. Mandelbaum, op. cit., II, p. 464-465. On notera cependant qu'il s'agit de savants encore jeunes à l'époque.
43 . La création de l'Institut national est notamment approuvée par une circulaire adressée le 13 pluviôse an IV (2 février 1796) aux membres de la Société Philomathique, sur le renouveau de cette dernière après la création de l'Institut national. Cette circulaire avait été arrêtée par les philomathes dans leur séance du 23 nivôse précédent (13 janvier 1796). Cf. Bibl. de la Sorbonne, mss 2082 et 123.
44 . On fait maintenant carrière pour entrer à la Société Philomathique, comme à l'Institut. Consulter à ce sujet . Mandelbaum, op. cit., I, p. 71-89.
45 . Le nombre des philomathes est d’ailleurs limité à cinquante par un réglement en date du 3 Frimaire an VI (23 novembre 1797) et une procédure complexe est établie pour les candidatures CF. ibid.. I, p. 73 et 109-111.
46 . Ibid., il, p. 465-466.
47 . A vrai dire, il est très difficile d'apprécier les positions philosophiques des idéologues qui ont évolué dans leur pensée et qui n'ont pas sous la même approche des problèmes scientifiques et métaphysiques.